Ça y est je me lance dans une aventure extraordinaire, jamais je n’aurais espéré un jour pouvoir me rendre compte sur le terrain l’action de l’ONG Iles de Paix. Chaque mois je ferai un retour sur les actions, une sorte de carnet de voyage.
D’abord revenons en arrière, bien arrière vers la fin des années 90. Alors que j’étais un ado, plus ou moins 16 ans, je me posais beaucoup de questions sur les pays du Sud. Des questions simples que ce soit la misère, le manque d’eau, l’épidémie du SIDA en croissance fulgurante, la famine, l’écologie, la préservation des espaces naturels, …. Alors que ces questions sont restées pendant quelques années ouvertes, sans pouvoir trouver le moyen d’agir. Pourtant en famille nous avions beaucoup de discussions à table sur notre économie, le fonctionnement de notre société, la démocratie, la place de la femme, … Bien souvent ces questions m’ont remis face aux difficultés que les autres vivent ici à Bruxelles ou de l’autre côté du globe.
Il y a 12 ans, alors que j’animais des jeunes d’autres adultes me demandent si je veux participer à la vente des modules d’Iles de Paix. Au départ j’étais hésitant, je ne savais pas si le projet tenait la route. Il a fallu quelques discussions pour m’expliquer (oui car Internet n’était pas encore aussi fourni d’informations et de témoignages) de leur action. C’est alors qu’on m’a parlé pour la première fois du mot « DURABLE », c’est là que tout a pris du sens. En effet j’allais me geler un week-end de janvier pour un projet qui fait la promotion de l’autonomie des populations, qui répond à une demande locale et en plus de cela mon argent serait un investissement humain. Chaque année, me voici parti vendre les modules, trois années de suite je suis un récolteur de fonds. Pendant quelques années je commence ma vie professionnelle, malheureusement la période de janvier m’empêche de m’investir entre formation en alternance, examens, deadline je ne parviens plus à m’y investir.
Fin décembre 2011 voir déjà janvier 2012, alors que j’ai de la chance professionnellement de changer de boulot et en plus de travailler avec des jeunes, voilà qu’Eric Lampe un ami précieux, chargé de projet chez Iles de Paix me contact. Il a besoin d’aide sur la Ville de Bruxelles, en quelques heures après un mail et ceci deux semaines avant le week-end de vente et en plein pendant les congés scolaires, mon directeur donne son feux vert. En moins de deux jours je dois trouver et sensibiliser mes élèves. Ce n’est pas une mission gagné et à mon grand étonnement … Ils répondent présents et sont très enthousiastes. Depuis une centaine de jeunes en plus sont in-formés et acteurs ici en Belgique.
Cette année, 2014, alors que l’information, l’action de cette ONG est bien imprégné dans ma vision des relations Nord/Sud, il était temps de découvrir, rencontrer, se former sur place. Avec les populations pour qui chaque année je demande ainsi que mes élèves : « Bonjour, avez-vous vos modules (modules = l’objet que les personnes peuvent acheter à 5€) cette année? ». Comment faire et avec qui le faire ?
Première étape et pas la moindre, convaincre direction, collègues et surtout élèves voir même parents! Du jamais vu au sein de mon école, et le mieux ça marche. Je sens dans la tête des élèves une volonté de découverte, un besoin de comprendre, un désir de faire bouger les choses et d’améliorer le quotidien des personnes en difficulté.
Pour mes élèves j’ai demandé une petite lettre de motivation, ce qui va nourrir leur projet. Je pense qu’il me doit aussi de faire cet exercice :
Pourquoi partir au Burkina Faso ?
Ce n’est pas partir à une destination qui m’importe, nous pourrions vivre un tel projet à Bruxelles, où par exemple je pourrais participer à des actions ponctuelles. Pour exemple j’avais aidé le Samu social avec les scouts en 2010 lorsque nous vivions un hiver conséquent. C’était une course marathon pour trouver couverture, vêtements, …. Malgré cela il me semble essentiel de ne pas limiter son aide, de ne pas oublier que l’être humain ne doit pas se limiter à des frontières territoriales et nationales. Notre mission c’est d’offrir une vie décente à toutes et tous dans une logique d’égalité. Donc la destination ici, m’aidera à comprendre une facette des difficultés, d’analyser et d’agir en conséquence.
Pourtant l’Etat belge aide …
Mon engagement politique chez Ecolo m’a permis de rencontrer, de comprendre les défis belges et européens. Dans ces rencontres d’hommes et de femmes ou d’association j’ai pu voir à quel point nos Etats ne sont pas prêts à faire changer les choses. Une certaine méfiance, du conservatisme et le flirt avec le capitalisme (tant sur le travail que sur la gestion économique) de leur part. Pourtant le défi est collectif et la responsabilité ne peut pas être qu’individuelle.
Nous le voyons encore ici en octobre 2014, où le nouveau gouvernement belge devrait couper jusqu’à 279 millions des investissements à la coopération en 2019 (une paille dans une botte de foin en réalité ce montant ne représente que 0,7% à 0,40% du revenu national belge, ce qui veut dire rien du tout). D’ailleurs je conseille vraiment d’entendre l’avis du CNCD : http://www.cncd.be/Declaration-gouvernementale-coupes
Pourquoi avec des élèves ?
Partir tout seul ce n’est pas dans mes ambitions. Vivre un projet seul de cet ampleur n’aura aucun effet immédiat ou à long terme. Bien souvent on critique ces jeunes d’être consommateur, de ne pas réagir, de ne pas se mobiliser. Dans ce cas je veux leur proposer d’être acteur, de sensibiliser chacun à un projet personnel. Je comprends que ces mêmes jeunes ne veulent pas ou se désinvestissent des projets des adultes. Ce n’est pas leur vision, mon rôle est de leur ouvrir des possibles. Il n’est pas question pour ma part de leur montrer un chemin dans leur projet personnel mais de faire de la découverte. Une étape essentiel pour qu’ils trouvent un sens dans ce voyage de formation.
Oui mais sur place …
Sur place deux domaines me semblent pour moi prioritaire : l’alimentation et la démocratie. Ces domaines si éloignés dans leur définition sont pourtant liés de très près. C’est de cette manière que les acteurs locaux peuvent se coordonner, que l’on peut créer une aide et une coopération entre exploitants. Sur place je compte bien découvrir le fonctionnement de la chaîne alimentaire, de comprendre les enjeux locaux et comment tout ceci est articulé. Bien entendu les jeunes que j’accompagnerai seront certainement intéressés par l’enseignement, la gestion de l’eau, la place de la femme, … ce qui me semble logique, c’est concret, les médias en parlent plus facilement, c’est visible et les reportages sont nombreux.
A suivre, la rencontre d’acteurs locaux …
Rétroliens/Pings