Favoriser la reconnaissance des associations

On peut louer la richesse associative de notre pays : de nombreuses associations se créent et par le travail qu’elles effectuent renforcent le lien social entre les citoyens. Cependant, toutes ne peuvent se reposer uniquement sur du travail bénévole. Certaines finissent donc par rentrer dans les critères qui permettent d’obtenir un subventionnement structurel (jeunesse, éducation permanente, cohésion sociale, etc.) et d’autres, volontairement ou non, ne s’insèrent pas dans ce cadre.

C’est le cas de nombreuses associations communautaires (organisant des projets inclusifs, avec les voisins, d’autres associations, etc.), qui, malgré un travail souvent reconnu, ne peuvent prétendre à aucune aide financière puisqu’elles ne se rattachent à aucun pilier traditionnel de la société belge et puisque, du côté francophone, on ne reconnaît pas encore l’organisation des « minorités » en soit.

Il convient dès lors d’envisager un recensement puis une évaluation objective de ces initiatives communautaires afin d’envisager les politiques de soutien à mener pour favoriser leur travail et l’émancipation de leurs membres.

Pour Ecolo, cette reconnaissance passe aussi par une représentativité culturelle dans les émissions radios, les centres culturels, etc. mais aussi via l’ouverture d’un musée des immigrations.

Proposition : Créer un forum de la diversité

La Flandre a, depuis plusieurs années, de manière très volontariste, organisé l’accueil des personnes étrangères et la reconnaissance des minorités de manière structurée et transversale. Le minderhedenforum [1] assure la communication avec les groupes cibles et leurs organisations ainsi que leur implication dans la politique des minorités. A partir de sa position indépendante, il suit la politique d’intégration flamande. Tout n’y est évidemment pas parfait mais il convient de s’en inspirer.

En effet, ces questions ne peuvent être traitées politiquement, comme cela a été trop souvent fait du côté bruxellois et wallon, par la dispersion, voire le saupoudrage des moyens ou encore la reconnaissance d’associations ethniques ou culturelles sans véritable cadre autre que la bonne volonté ou la proximité de l’autorité de tutelle.
Ecolo est donc pour la création d’une instance semblable au Minderhedenforum, une coupole des associations représentantes des différentes minorités et une interface entre les différentes composantes associatives et les pouvoirs publics. C’est en structurant et en reconnaissant ces initiatives que les pouvoirs publics auront des interlocuteurs crédibles et efficaces pour envisager et affiner les différentes politiques menées avec ces publics.

Cette logique de structuration doit également permettre l’échange d’expertise, d’informations, l’identification des besoins, la création d’initiatives mélangeant des membres d’associations représentatives de minorités et d’autres associations.

Proposition : Revisiter régulièrement les questions du vivre ensemble

Ecolo souhaite la mise en place, tous les 5 ans, d’un large échange entre les différentes composantes de la société belge (société civile, syndicats, forum de la diversité …), autour des multiples questions que pose la rencontre entre différentes cultures. Cette rencontre, organisée de manière régulière, publique et transparente, aurait pour objectifs d’évaluer et d’analyser les questions interculturelles et de formuler des recommandations aux différents niveaux de pouvoir, sur le mode d’un conseil d’avis classique.

Proposition : Engager un travail de mémoire et de reconnaissance avec les anciennes colonies

La Belgique a une histoire et des liens singuliers avec plusieurs pays d’Afrique centrale. Que ce soit au niveau individuel ou institutionnel, il est encore parfois sensible d’aborder la question de la colonisation de ces pays. Or, de nombreux belges et migrants (de RDC, du Rwanda, du Burundi …) et qui vivent en Belgique, ne se sentent ni compris ni reconnus dans la manière dont est présentée l’histoire de la colonisation belge.

Ecolo propose la mise en place d’une commission d’historiens belges et africains dans l’objectif d’établir un rapport sur la période coloniale sur lequel le parlement pourra se baser pour envisager une reconnaissance du passé colonial. Ce travail de mémoire est en effet important à mener, tant pour les individus que pour les groupes, car pour construire un avenir commun, il faut oser aborder ce passé commun. Un travail historique critique sur la question coloniale doit être mené afin de permettre aux nouvelles générations de comprendre leur histoire. Ainsi, un travail transversal doit être envisagé dans les écoles – en particulier dans l’enseignement de l’histoire – les associations, les espaces culturels et les musées.

Par ailleurs, en Belgique, le patrimoine témoigne d’une histoire, de l’idéologie d’une époque et porte donc un message qui n’est pas neutre. Pour rétablir les faits historiques associés au patrimoine, les monuments doivent être accompagnés d’une explication du contexte faisant l’analyse critique du rôle de chacun durant ces périodes.

Proposition : Favoriser la rencontre et le dialogue

Les pouvoirs publics peuvent mettre en place de nombreuses politiques pour encourager le dialogue interculturel, défendre les principes fondamentaux ou intervenir, via la justice, en cas d’enfreinte à la loi. Mais la majorité des questions interculturelles se posent entre individus – à un niveau local, à l’échelle d’une entreprise, d’un groupe – et peuvent souvent se régler par le dialogue.

Pour de nombreux citoyens, la convivialité et l’échange sont des éléments qui importent dans la vie de tous les jours mais qui peuvent aussi rapidement être mis à mal à cause d’incompréhensions ou de préjugés réciproques. Un simple dialogue suffit souvent à lever les incompréhensions et à aplanir les différends. Mais encore faut-il que les conditions du dialogue soient réunies.

Ecolo souhaite donc favoriser l’émergence de médiateurs interculturels, dans les communes, les écoles, les entreprises, les lieux publics, etc. Il ne s’agit pas nécessairement de personnel supplémentaire mais de former le personnel existant. Dans le même ordre d’idée, Ecolo veut également instaurer un cadre de dialogue permettant aux acteurs locaux d’aborder sereinement les questions interculturelles. Il s’agit de faciliter la faculté des acteurs locaux d’examiner par eux-mêmes les demandes visant à prendre en compte la diversité, de les discuter, de les accepter, de trouver un compromis ou de les refuser si les conséquences pratiques qu’elles engendrent sont inacceptables ou qu’elles entrent en tension avec certains principes. Aujourd’hui, en l’absence de procédures favorisant le dialogue, ces demandes peuvent être perçues comme des revendications inappropriées, et leur refus comme une forme d’intolérance.

Dans une même logique, nous pensons que les futurs policiers [2], enseignants, avocats, assistants sociaux, etc. devraient recevoir une formation à l’interculturalité dans leur cursus respectif.

Pin It on Pinterest

Share This